
Le 7 novembre 1659 le traité des Pyrénées est signé sur l’île des faisans sur la Bidassoa entre Hendaye et Irun. Dite aussi île de la conférence; Faisans n’a rien avoir avec les volatiles. Le mot vient de faceros signifiant faiseurs négociateurs
« Il n’y a plus de Pyrénées ».
Ces quelques mots, en forme de sentence définitive, sont attribués à Louis XIV.
Jusqu’alors, la frontière entre la France et l’Espagne était une vraie passoire.
En cause, les accords de « Lies et passeries » qui réglaient les usages et les communications entre communautés de part et d’autre des montagnes.
Certains comme la Junta de Roncal au col de la Pierre saint martin ou le serment du Pla d’Arem en Comminges aux portes du Val d’Aran sont toujours en vigueur.
La paix des Pyrénées
Abusivement appelé traité des Pyrénées il se situe à la fin de la guerre de trente ans qui ravage l’Europe. Signée entre la France et l’Espagne elle met fin à « une guerre dans la guerre » opposant les deux puissances dont la France était sortie vainqueur.
Le traité des Pyrénées ne se limite pas à fixer seulement la frontière entre les deux royaumes.
De nombreux articles fixent la restitution de territoires, comme le Roussillon, mais aussi l’Alsace. On y parle pêle-mêle du Portugal, du Val d’Aran, de Monaco,
De fait, le titre « Paix des Pyrénées paraît plus approprié.
Avant le traité des Pyrénées
Au 13° existait un système féodal à géométrie variable évoluant au gré des guerres et des mariages
Le traité des Pyrénées, met fin à 8 siècles d’organisation territoriale héritée des Marches d’Espagne sous Charlemagne.
Les tractations préalables durèrent 3 ans.
Pour la phase finale, restait à trouver un lieu de réunion comme on dirait aujourd’hui.
L’île des faisans sur la Bidassoa est choisie pour mener les discussions.
Ce petit îlot indépendant présente toutes les garanties de neutralité.
Ne pas s’imaginer une simple réunion suivie d’un aimable gueuleton.
Deux ponts de bateaux permettent à ses messieurs de traverser à pied sec.
Un pavillon est dressé au centre de l’île.
À l’intérieur, 2 tables séparées par un espace symbolisant la frontière.
Pour mener les discussions à leur terme, les ministres Mazarin et Don Luis de Haro furent dotés des pleins pouvoirs par leurs monarques respectifs, Louis XIV et Philippe IV.
Arrivés sur place en grand appareil, les deux plénipotentiaires prennent respectivement leurs quartiers, chacun chez soi, à St jean de luz et Fontarabie.
Le décor campé, les discussions peuvent commencer.
Chaque délégation comprend 50 personnes.
Mazarin et Don Luis de Haro étant deux fins roublards, le moindre point de détail fait l’objet de nombreuses chicaneries.
Pas moins de 24 rencontres, en trois mois, seront nécessaires pour aboutir à la rédaction des 124 articles de l’accord.
Champ d’application de la paix des Pyrénées
Le traité ses Pyrénées fixe la frontière sur la ligne de partage des eaux.
Il prévoit également le mariage de Louis XIV avec Marie Thérèse d’Autriche fille du roi d’Espagne
Le mariage est assorti de nombreuses clauses économiques
En guise de dot, l’Espagne apporte à la France le Roussillon, la Cerdagne, l’Artois et plusieurs places fortes en Flandre et en Lorraine
Le mariage de Louis XIV et de Marie Thérèse d’Autriche.
Pour sceller durablement la paix, il est également prévu de marier Louis XIV avec sa cousine l’infante d’Espagne Marie Thérèse d’Autriche.
Les époux, tous deux âgés de 21 ans sont cousins
Anne d’Autriche mère de Louis XIV est la soeur du roi d’Espagne Philippe IV de Habsbourg.
Élisabeth de France soeur de Louis XIII père de Louis XIV est ‘épouse de Philippe IV de Habsbourg et donc mère de Marie-Thérèse d’Autriche.
La crainte des Espagnols étant de voir un jour, par le jeu des successions, le Roi soleil s’asseoir sur le trône à Madrid, le traité des Pyrénées stipule que l’infante renonce à tous ses droits sur la couronne d’Espagne.
Les deux fiancés se rencontrent chastement avec force protocoles sur l’île des Faisans.
Le mariage a lieu le 9 juin 1660 à St jean de Luz. Toute la cour est en déplacement. Contrairement aux usages de l’époque, la nuit de noce n’eut pas de témoins.
Des trous dans le gruyère
Malgré cela, la fixation intégrale de la frontière n’est pas réglée.
Le cas de la Cerdagne le sera par le traité de Llivia le 12 novembre 1660.
Les 3 traités de Bayonne (dit des limites) signés sous le second empire aboutiront au bornage de la frontière.
De nombreux points sont laissés en suspens, ainsi existent encore d’amusantes bizarreries comme le Pays Quint et bien d’autres.
Hors traité des Pyrénées
L’Andorre faisant l’objet d’un contrat de paréage de droit féodal n’est pas inclue dans le traité
Pas plus que le Val d’Aran qui avait été donné à l’Espagne en 1313 par Philippe le Bel.
A la révolution, le 14 août 1793, le Val d’Aran accepte d’être rattaché à la France. Le 22 juillet 1795 la France le rend aux espagnols en échange d’avantages sur l’île de Saint-Domingue.
Reste en suspend
Le problème du pays Quint (pays basque)
La confiance c’est le contrôle c’est mieux
Accordant peu de confiance aux espagnols, fussent-il unis par un traité, Louis XIV va faire construire par Vauban autour de son royaume un réseau de forteresse appelée la ceinture de fer : Montlouis, Collioure, Socoa, Villefranche de Conflent etc.